Nous sommes généalogistes successoraux. Nous recherchons des héritiers inconnus pour leur transmettre souvent bien plus qu’un héritage : une partie de leur histoire ! « Histoires en héritage », vous invite à découvrir les destins hors du commun de ces hommes et de ces femmes dont la vie a été partiellement révélée après leur mort.
Dans « Le grand saut » , Brice ROUDIER, généalogiste successoral dans notre département international, nous emmène en direction du désert du Grand Canyon, pour découvrir l’histoire fascinante et tragique d’Henry, disparu dans des circonstances mystérieuses.
Voir l’épisode :
Retrouvez également « Histoires en héritage » en Podcast sur la plateforme de votre choix.
Ce dossier commence avec un couple qui se promène un week-end dans un petit village du sud de la France. Ils repèrent une maison abandonnée, et cette maison les intéresse. Ils vont à la mairie et ils découvrent qu’apparemment, selon les ouï-dire du village, le propriétaire de cette maison serait décédé aux États-Unis.
On ne sait pas où, on ne sait pas quand, et c’est là qu’ils vont saisir un notaire qui lui, va me mandater.
Mon rôle est de retrouver l’acte de décès de cette personne, car c’est l’acte de décès qui va nous permettre d’ouvrir la succession, et il y a 50 états aux États-Unis, donc effectivement c’est assez difficile comme départ.
Je commence mes recherches en fouillant dans les bases que j’utilise habituellement, j’utilise aussi mes contacts, des détectives sur place, des policiers, des organisations françaises et les consulats. Mais le problème est qu’au bout de plusieurs mois de recherches, aucune trace d’Henri, et donc je reviens vers le notaire en lui disant que je suis désolé mais que sans plus d’élément je vais avoir vraiment du mal à trouver cette personne.
Quelques semaines plus tard le notaire me rappelle. Il me dit écoutez, je viens d’avoir le nom et le prénom de l’ex-compagne d’Henri. Elle serait aux États-Unis.
Je la retrouve assez facilement, le seul problème est que, nouvel obstacle, elle ne me répond pas. Donc je décide lors de mon prochain voyage en Californie, d’aller essayer de la rencontrer et de me rendre à son domicile.
Ce que je n’avais pas réalisé au début c’est qu’elle habitait en fait dans le désert. Donc je prends la route, je quitte Los Angeles, et au bout d’une heure et demi de route, j’arrive dans le désert et je suis très surpris parce que c’est vraiment comme dans les films. Elle habite une petite maison en bois, vraiment une toute petite maison, tout est très poussiéreux.
Je frappe à la porte et j’entends quelqu’un derrière moi qui me demande ce que je veux, et c’était son époux actuel qui est américain. Je précise que Marie, elle est française, et il me dit si tu veux Marie elle élève des chevaux, on peut aller la retrouver je t’emmène la voir. Donc je pars avec le mari qui m’emmène avec sa voiture, et nous arrivons dans une prairie et en fait Marie élève des Mustangs, donc les chevaux sauvages.
Je lui explique pourquoi je suis là, et en fait elle me raconte qu’Henri, avec qui elle avait vécu en France, était malade. Il a décidé de venir la retrouver aux États-Unis pour la reconquérir sachant qu’il est malade, et je pense pour passer les derniers instants qu’il lui restait avec elle. Mais problème, quand il est arrivé il a pu constater que Marie s’était remariée et que surtout elle ne voulait plus entendre parler de lui, et qu’il fallait qu’il passe à autre chose, donc il a été éconduit.
Le problème c’est qu’Henri a apparemment très mal pris la chose. Il les a menacés physiquement et il leur a dit qu’il reviendrait peut-être les tuer. Marie a eu tellement peur qu’elle a décidé d’engager un détective privé pour faire suivre Henri.
Henri achète une batte de baseball, il va dans des bars, il boit pas mal, mais le détective s’aperçoit qu’il n’a pas l’air de retourner à proximité du domicile de Marie. Il en informe Marie, il cesse de le suivre et Marie va apprendre plusieurs semaines après qu’Henri en fait à la suite de cela a loué une voiture cabriolet, est parti dans le Grand Canyon et s’est jeté d’une falaise avec sa voiture.
Il est décédé dans un parc naturel, parce que je sais que ce sont des Rangers qui se sont occupés de l’enquête. Donc je décide de contacter plusieurs bureaux de Rangers, et au bout de plusieurs semaines, un agent spécial me contacte et me dit « C’est moi qui ai fait l’enquête sur le décès d’Henri. »
Le rapport du Rangers me donne beaucoup de détails, il y a des photos de toute la scène, je vois qu’il est mort avec des dizaines de milliers d’euros en liquide dans sa voiture, qui volaient d’ailleurs dans la nature.
Je dis au Rangers « Peux-tu me transmettre maintenant le décès d’Henri ? », et là le Rangers me dit « Mais il n’y a aucun acte de décès, il n’y avait personne pour le reconnaître nous ne pouvions pas comparer son ADN à qui que ce soit. »
Donc je réfléchis avec les Rangers, et avec notre avocat américain on se dit que la seule solution est d’exhumer le corps d’Henri, de comparer son ADN à l’ADN des héritiers, de ses cousins que j’ai déjà retrouvé aux États-Unis.
Je demande donc à Robert, l’agent spécial, où est enterré Henri, et là deuxième désillusion, il ne sait pas où il a été enterré. Ça n’était pas évident mais j’ai retrouvé qu’il avait été enterré dans un cimetière à Flagstaff en Arizona. Ensuite il fallait par contre obtenir l’autorisation d’exhumer le corps d’Henri. Après de longues semaines de renseignements, nous avons réalisé qu’en fait cette procédure était très coûteuse et que par rapport au prix du bien en France, engager cette procédure n’était pas raisonnable.
Il faut savoir qu’aux États-Unis tout coûte très cher, spécifiquement dans le milieu juridique. J’ai donc recontacté les Rangers, ils savaient que c’était la bonne personne puisqu’il était mort avec sa pièce d’identité même si le corps était abîmé.
Ils avaient pu constater que c’était la même personne, et les Rangers ont été très sympathiques avec nous, ils se sont renseignés auprès d’un juge, il nous a proposé, il nous a dit « Écoutez, je peux étudier le dossier. »
Comme les cousins aussi connaissaient Henri, il y avait assez de faisceaux d’indices pour le juge, pour établir l’acte. Nous avons pu le fournir au notaire, et il a pu ouvrir cette succession.
Je peux vous dire que quand on trouve un héritier au bout de deux ou trois ans de recherches, le jour où on l’a trouvé, j’en avais des frissons.