Nous sommes généalogistes successoraux. Nous recherchons des héritiers inconnus pour leur transmettre souvent bien plus qu’un héritage : une partie de leur histoire ! « Histoires en héritage », vous invite à découvrir les destins hors du commun de ces hommes et de ces femmes dont la vie a été partiellement révélée après leur mort.
Dans « La chambre des secrets « , Paul LAURIAU, directeur de notre succursale de Lyon, nous raconte l’histoire de Jean-Louis, un homme charmant, mais marqué par le rejet de ses choix amoureux par ses parents. Ce n’est qu’en écoutant les souvenirs d’une voisine qu’ils apprennent qu’il était bien plus qu’un simple dossier : un homme piégé par ses origines, en quête d’amour et de reconnaissance.
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Jean-Louis est décédé sans épouse. Il n’était pas marié, il était célibataire, il avait 72ans, sans enfants et sans neveux ou nièces. C’est une belle succession, il y a un petit pavillon en région parisienne d’une valeur de 150 000€, et à peu près 50 000 à 70000€ sur un compte bancaire.
Pour rechercher les héritiers, on va en Mairie, aux archives, et là on essaie de reconstituer la vie de Jean-Louis pour savoir où est-ce qu’il a vécu, où est-ce qu’il est né, pour pouvoir faire les recherches aux bons endroits.
On se rend compte que Jean-Louis avait un frère qui était décédé 5ans auparavant, et lui non plus n’avait pas d’enfant, pas marié, et là avec nos différentes recherches nous retrouvons le sésame.
Le premier héritier, puis un second, puis un troisième, jusqu’à retrouver 10 cousins héritiers de Jean-Louis. Beaucoup m’ont posé des questions sur Jean-Louis, et je n’ai aucune réponse à leur apporter. Jean-Louis c’est pour le moment un numéro de dossier, un nom, un prénom, et ça s’arrête là, et c’est vrai que plus que de faire hériter d’argent, on a envie de leur faire hériter d’une histoire.
On les a invités à venir faire l’inventaire de la maison. Malheureusement, aucun d’eux ne s’est déplacé.
On arrive devant la maison, il y a pleins de petits pavillons les uns à côté des autres. On rentre dans la maison, une odeur un peu de renfermé, ça fait plusieurs mois qu’elle n’est pas habitée, il n’y a pas d’électricité, il fait sombre, on est avec la lumière de nos téléphones. On est déjà dans une atmosphère un peu de film d’épouvante.
Nous commençons à trouver le compteur donc on allume, la maison s’éclaire, on pose nos affaires, nos sacoches, là où on peut parce que ce n’est pas très propre. Puis on continue à s’enfoncer dans la maison, et là on ouvre une porte et on tombe sur la chambre du défunt. Surprise, énormément, énormément de photos de femmes nues, en sous-vêtements, il y en a partout. Alors ce sont des photos érotiques, de magazines de charme, mais aussi des pages de lingerie.
On a un premier sentiment qui est assez humain, mais de se dire mais où est-ce qu’on est tombé, qui est Jean-Louis ? C’est un pervers ou quelque chose, un travers ?
Donc là on visite le reste de la maison et là ça sonne à la porte. Je vais ouvrir et une femme se présente en tant que voisine. Elle a vu de la lumière et elle est un peu inquiète. Je l’invite à rentrer, à s’asseoir, et c’est l’occasion pour moi de lui demander si elle connaît Jean-Louis.
Surprise, elle le connaît très bien. Ça fait plus de 10 ans qu’elle habite à côté de Jean-Louis et elle commence par me dire « Vous êtes rentré dans la chambre ? », là je dis « Oui », avec un petit sourire.
Elle me raconte la vie de Jean-Louis, que c’est un homme charmant, gentil, quelqu’un de serviable qui vient l’aider à porter ses courses. À l’opposé de cette première impression que l’on pourrait avoir, et en fait en la laissant parler, on comprend très vite qu’en fait l’histoire de Jean-Louis est assez simple.
Jean-Louis il avait avec son frère des petites amies, et à chaque fois qu’il les présentait à ses parents, ses parents lui disaient « Cette fille n’est pas assez bien pour toi, et pas assez bien pour nous, il faut que tu la quittes. » Comme bon fils, il quittait cette femme.
On se rend compte que c’était quelqu’un qui était frustré, et frustré par ses parents qui l’ont empêché de vivre une vie amoureuse avec des enfants, tout ça peut-être parce qu’ils ont voulu le garder que pour eux et ne pas le partager avec une autre.
Quelques jours après, les héritiers m’appellent pour avoir des informations sur l’inventaire. Alors ils ont été amusés, étonnés, et je me suis tout de suite empressé de leur expliquer malheureusement, la dure vie de Jean-Louis. Ce n’est pas parce qu’on a un très beau tableau, une photo de charme, qu’on est une bonne ou une mauvaise personne. Il en faut un peu plus pour découvrir la vie de quelqu’un.